Découvrez le portrait de Anne-Sophie Vives, fondatrice des Burn'ettes et ambassadrice du salon de la reconversion professionnelle des femmes édition 2020
Après 7 années d’étude universitaire pour devenir notaire, 10 ans d’expérience dans la profession, un mariage et deux beaux enfants ma vie a basculé.
Ultra investie dans un travail stressant et exigeant, qui ne me correspondait pas, je ne comptais pas mes heures pour faire face à la surcharge permanente de travail, aux exigences des clients, aux conflits et pressions internes…
J’avais perdu complètement le sens de mon travail.
Une fois devenue mère ces conditions de travail sont vite devenues intenables.
Ma vie était devenue une course vaine contre la montre : couches/ boulot/ dossiers urgents/ courses/ ménage/ biberons/nuits en pointillés/boulot…j’avais l’impression par manque de temps de tout mal faire : manque de disponibilité pour ma famille, retards dans mon travail, etc.
J’avais la sensation de passer à côté de ma vie.
J’étais épuisée mais je ne voyais pas comment sauter du train en marche qui fonçait droit dans le mur : il fallait bien que je m’occupe de ma famille et que je ramène l’argent à la maison…
Le résultat ne s’est pas fait attendre : BURN OUT !
De superwoman je suis devenue « superlooser », immobilisée sur mon canapé à dormir pendant un an.
Un burn out, si abrupt qu’il puisse paraître, n’arrive pas par hasard. Votre corps vous exprime ce que vous endurez et refoulez depuis des années par force de volonté et de détermination.
Ma période de convalescence a été particulièrement compliquée : j’avais perdu la mémoire immédiate, j’étais extrêmement diminuée physiquement et moralement. Chaque tâche du quotidien était devenue une épreuve pour moi, rien que prendre une douche était compliqué.
A cette occasion, je me suis rendue compte à quel point le burn out était méconnu, même par le corps médical (le burn out n’est pas reconnu en tant que maladie), à quel point vous êtes seule et vulnérable pendant cette période.
Je ne supportais plus les… « tu prends des congés aux frais de la secu », « tu fais une grosse déprime quoi… », « le burn out c’est la maladie à la mode ». Pourtant je vous assure que mon burn out n’avait rien de sexy…
Je me suis rendue compte également qu’il n’existait aucune structure d’accueil pour les victimes de burn out à l’exception d’une prise en charge psychiatrique souvent très mal vécue.
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« Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une ! »
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Et pourtant quand j’ai commencé à parler de mon épreuve, beaucoup d’autres femmes, amies ou connaissances, se reconnaissaient là-dedans.
J’ai donc créé la communauté de « BURN’ettes » sur les réseaux sociaux pour décomplexer la parole des femmes qui ont fait un burn out pour des causes tant professionnelles que personnelles. J’ai eu énormément de messages de soutien.
Après une longue année de reconstruction, j’ai donc pris ma décision : me consacrer à cette cause !
Faire le grand saut de la reconversion !
Mais comment rebondir quand vous avez la mémoire d’un poisson rouge, que vous avez perdu l’estime de soi, votre identité, quand votre corps ne répond plus, … et que juste l’idée de parler de droit vous génère de violentes crises d’angoisse ?
Comment m’y prendre ?
Je n’avais aucune expérience entrepreneuriale ni aucun diplôme dans le médico-social.
Ma plus grande aide a été de bénéficier de l’accompagnement d’incubateurs : les Audacieuses puis la Maison Pour Rebondir. J’ai pu y découvrir une communauté d’entrepreneur(e)s en herbe exceptionnelles, avec une farouche envie de conquérir le monde malgré parfois nos casseroles,
J’y ai acquis des connaissances, des méthodes, un réseau…
En février 2019, j’ai donc monté, avec d’autres BURN’ettes, l’association L’BURN pour venir en aide aux femmes victimes de burn out.
L’association propose des groupes de parole, des ateliers, des afterNOworks mais aussi un accompagnement personnalisé pour soutenir et orienter les personnes dans la prise en charge médicale, paramédicale, sociale ou juridique en vue d’une réinsertion sociale et professionnelle.
L’association propose également des actions de sensibilisation par des évènements auprès du grand public et désormais par des formations au sein des entreprises.
J’ai donc aujourd’hui complètement changé de vie. Je gère une équipe, je m’organise comme je le souhaite, je vois mes enfants bien plus souvent…
Si je travaille encore beaucoup, je n’ai plus la même pression et surtout j’adore ce que je fais. Chaque jour est une nouvelle aventure qui me fait vibrer et je me sens enfin utile et à ma place.
Mon burn out a été avec le recul la meilleure chose qu’il puisse m’arriver. Il m’a contraint à un nouvel équilibre de vie, à apprendre à me connaître et à me donner la force et l’audace d’entreprendre : pour une vie dont je suis aujourd’hui pleinement satisfaite !
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Site internet Les Burn’ettes : lesburn-ettes.com