Découvrez nos prochaines Master Class en ligneArt, engagement et résilience : découvrez le parcours bouleversant et inspirant d’Ilham Bakal, artiste pluridisciplinaire franco-marocaine, qui transforme les épreuves en créations puissantes. De l’ingénierie à la scène, elle éclaire nos imaginaires.
Je suis Ilham Bakal, artiste pluridisciplinaire franco-marocaine. Je vis à Poitiers, je suis maman et belle-maman, et je navigue entre théâtre, humour, musique et audiovisuel.
Petite-fille de musicienne, j’ai grandi entre la France et une culture marocaine très artistique. Très tôt passionnée de théâtre, d’écriture et de musique, j’intègre le Conservatoire d’Art Dramatique à Orléans à 18 ans, tout en menant en parallèle des études scientifiques qui me mèneront à devenir ingénieure en informatique dans l’aérospatiale.
Mais l’appel de la scène est plus fort : grâce à des rencontres marquantes, je me lance comme conteuse, comédienne, humoriste et chanteuse. De 2004 à 2009, je représente le Maroc dans des festivals internationaux, tout en explorant le récit de vie et la collecte de témoignages. J’écris également pour des pièces jeune public ainsi que des sketchs sur des thèmes de société comme le mariage forcé ou les addictions.
En 2011, je mets en scène ma première pièce A slavery page, et j’enseigne le théâtre à l’Université d’Orléans. J’y développe aussi une méthode d’apprentissage pour enfants en difficulté et primo-arrivants. Deux ans plus tard, je crée Être ou Ne pas Être Dans la Discrimination, une pièce récompensée pour son impact social concret sur les violences policières et conjugales.
En 2015, je deviens réalisatrice avec un court-métrage diffusé lors de journées contre les violences faites aux femmes. Entre 2017 et 2021, je réalise plusieurs clips engagés, dont un repéré par l’UNESCO pendant la pandémie. Je joue aussi dans des spectacles remarqués comme Les Lunes ou Yélé Ma Petite Lumière, tout en écrivant pour des scènes en France et à l’étranger.
En 2021, une épreuve personnelle m’éloigne de la scène. Deux ans plus tard, je reprends avec un projet pour la Ville de Rennes sur le harcèlement scolaire, et remonte sur scène en stand-up. J’ai même assuré la première partie de Pierre Thevenoux, ce qui m’a permis de retrouver un souffle plus léger après ces années d’engagement intense.
Tout a commencé à 5 ans, sur une piste de danse, grâce à ma grand-mère : le contact avec le public ne m’a jamais quittée. À 10 ans, en découvrant La Belle et la Bête au théâtre Gérard Philipe, j’ai su que je voulais créer des univers, sur scène et en coulisses.
À 14 ans, une punition scolaire m’a propulsée sur Andromaque. Ma performance a marqué les esprits, et malgré le refus de mes parents d’intégrer une formation artistique, mes professeurs et camarades ont gardé la flamme allumée. J’ai intégré le conservatoire à 18 ans, soutenue in extremis par mon père, ému par la fierté qu’inspirait mon parcours à la communauté marocaine de l’Université d’Orléans.
À 22 ans, lorsque j’étais ingénieur en informatique dans l’aérospatiale, une question m’a transformée : "Où pourras-tu apporter le plus de choses positives marquantes pour l’humanité ? En science ou en art ?" J’ai compris que mon impact serait plus fort en tant qu’artiste.
En 2011, face aux témoignages d’adolescents discriminés, j’ai commencé à écrire leurs récits. En 2013, j’ai réalisé la puissance du théâtre pour changer les comportements face à la violence. Et en 2015, j’ai voulu devenir réalisatrice pour archiver cette parole trop souvent éphémère.
Depuis, j’explore la violence sociale à travers l’écriture et la scène. Mais je veille à préserver une part de légèreté grâce à l’humour – un équilibre vital pour continuer à créer sans me perdre.
Je suis metteure en scène et auteure dramaturge ainsi qu’humoriste, musicienne-chanteuse mais aussi productrice. Je conçois chaque œuvre comme un écosystème à faire vivre, durablement. Je réfléchis avec mes collaborateurs artistiques à sa conception, à sa phase de préparation, de production, et de post-production ainsi qu’à sa légitimité administrative afin de faire en sorte que ce projet artistique ait la durée de vie la plus longue pour le public à l’échelle nationale et internationale.
En parallèle, je suis musicienne-chanteuse pour un spectacle La Ballade des Loulous, pour les tout petits et j’adore ! Je fais aussi quelques scènes pour des comedy clubs où je raconte mes déboires quotidiens légers et drôles.
Apprenez à vous arrêter avant l’épuisement : tous les projets ne sont pas faits pour réussir tout de suite. Évitez le burnout, surtout dans un monde où les femmes y sont plus exposées.
Gardez vos idées précieusement, ne les partagez pas trop tôt : certaines personnes peuvent les abîmer, d’autres les voler. Écrire m’aide à les structurer, la méditation m’aide à les renforcer.
Et surtout : faites-vous confiance. Si une situation ou une personne vous semble toxique, fuyez, sans attendre de preuves. Se protéger, c’est se permettre de créer dans un environnement sain.
Ma motivation était l’envie de partager et de rencontrer d’autres femmes qui ont ce désir d’améliorer leur activité professionnelle et de façon bienveillante. J’ai appris beaucoup en écoutant d’autres femmes sur leur parcours professionnel, et c’est très enrichissant de découvrir des femmes au parcours opposé au mien. J’aime découvrir des histoires personnelles et tout particulièrement des épopées féminines, ce qui nous manque cruellement dans l’environnement culturel dans lequel nous naviguons toutes.
“Une petite porte se ferme certes, mais souvent les grandes portes d’un palais s’ouvrent tout de suite après”, parole de conteuse !
Pour en savoir plus : www.ilhambakal.com
crédit photo : Julie Reggiani
